Des rendez-vous de réglage et de rééducation, à une semaine d’intervalle, ont répondu à mes interrogations et confirmé les très bons résultats qui m’émerveillent chaque jour depuis l’activation.
Première étape : je dois indiquer pour chacune des 22 électrodes si le volume est équivalent à celui de la précédente ou s’il faut l’ajuster. L’exercice me semble acrobatique, à partir de mes repères tout récents. Je réponds donc avec beaucoup d’hésitations. Un audiogramme, réalisé avec l’implant, permet d’objectiver l’équilibre de ces réglages et révèle des résultats épatants sur toutes les fréquences.
Les voix me parviennent toujours accompagnées d’un écho qui gêne un peu la compréhension. Un bruit de fond semblable à du vent qui s’engouffre dans une ruelle vient aussi chatouiller mes moments de silence. On m’explique que ce sont les conséquences du volume élevé, auquel mon cerveau ne s’est pas encore habitué et que ces effets s’estomperont progressivement. J’apprends que pour faciliter l’adaptation, il faudrait que j’arrête d’adapter systématiquement le volume et la sensibilité pour me mettre en situation de confort. Depuis, téléphone relégué au fond du sac à main pour utiliser l’application avec plus de modération.
Quatre programmes différents (en plus de la position T, pour la boucle magnétique) sont désormais disponibles sur mon processeur : « scan » (c’est son petit nom) adapte l’action des micros à l’environnement sonore, « domicile » est intéressant dans les lieux calmes, « groupes » gère les environnements bruyants en focalisant la voix de l’interlocuteur et « musique », vous devinerez. Le changement automatique de programme est désactivé, ce qui devrait m’éviter de manquer un morceau de phrase au moment où le processeur bascule inopinément de l’un à l’autre.
Trois objectifs de rééducation ont été définis avec les orthophonistes du service : la compréhension dans le bruit, l’usage du téléphone et, plus tard, la spatialisation du son.
Je répète des phrases énoncées sur un fond sonore. Les sonorités nasales ne sont pas bien interprétées par l’implant. C’est le cas pour tout le monde, m’explique l’orthophoniste : pour l’instant, j’ai du mal à les identifier mais la suppléance mentale (capacité à déduire les informations manquantes d’après le contexte) prendra naturellement le relais pour combler ces « creux».
L’orthophoniste m’a ensuite téléphoné depuis une autre pièce et j’ai répondu alternativement en bluetooth et en plaçant le téléphone contre le micro de l’implant pour voir ce qui permettait la meilleure compréhension. Difficile à dire pour l’instant… mais dans les deux configurations, ça fonctionne déjà plutôt bien !
Au milieu d’une conversation sur les réglages, quelqu’un vient me rapporter mon appareil auditif. Je touche mon oreille gauche… ah oui, je l’ai vraiment oublié dans la salle d’audiométrie et ne m’en suis pas aperçue ! Signe que quand je porte l’implant, l’appareil ne m’est plus nécessaire pour comprendre. L’implant a déjà pris le relais.
Suivre l’évolution à la hausse de mon audition est fabuleux et mon enthousiasme est visible. Il fait d’ailleurs sourire les membres de l’équipe du centre d’implantation. En sortant l’hôpital, au milieu du brouhaha des rues parisiennes, je saisis des bribes de conversations… phénomène inconcevable, il y a encore quelques jours.
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